Bonjour,
Hé bien, d'habitude on nous demande "comment enlever telle tache"

Et toi c'est le contraire !
La question est bonne, et la réponse n'est pas si simple.
Le vinaigre blanc (vinaigre d'alcool,
acide acétique) est en effet utilisé pour fixer une teinture à une fibre naturelle. Cela devrait aider la fixation de colorants issus des légumes, fruits rouges, sauces… Mais le vinaigre étant acide, il peut lui-même
changer la couleur de certaines substances colorantes. Regarde par exemple la page
Jus de chou rouge dans la partie wiki. Ensuite il faut laisser sécher, et le pigment restera coincé dans les fibres. Mais la couleur sera instable au cours du temps : oxydation, lumière solaire ou UV, peuvent altérer les couleurs. Il faudrait alors protéger la toile par un vernis incolore et résistant aux UV (et le côté derrière la toile si les taches traversent le tissu)… sans garantie que cela tienne des dizaines d'années.
Il faut penser aux micro-organismes qui vont aimer proliférer dans ce milieu nutritif… En l'absence d'eau, leur développement est quasi-impossible. Mais l'humidité ambiante peut toujours s'adsorber sur les fibres… Une protection par vernis peut aider à empêcher cela.
Ce sera différent pour les corps gras : ceux-ci sont constitués de triglycérides et acides gras libres. Les fibres peuvent s'en imprégner. Mais les graisses ne sèchent pas, car elles ne contiennent pas d'eau. A la limite, les graisses peuvent s'épaissir, voire se durcir, si elles sont "siccatives" (comme l'huile de lin par exemple, raison pour laquelle on l'utilisait en peinture classique comme liant de pigments), sous l'action de l'oxygène de l'air. Mais cet oxygène a aussi pour effet de s'attaquer aux "doubles liaisons" des molécules de graisses insaturées, en cassant ces chaines : c'est le rancissement. Cela dégage des molécules plus petites (donc plus volatiles) à odeur désagréable (l'odeur de l'huile rance, puisque c'est le même phénomène dans ce cas).
Les graisses ne sont pas fixées par le vinaigre. Selon la température, les graisses saturées (donc non siccatives) imprégnées dans les fibres pourront suinter (la toile restera collante)… ce qui rend difficile la conservation des œuvres. Et là, un vernis ne me semble pas applicable.
(Tiens, ça me rappelle une exposition au Palais de Tokyo, de l'artiste Michel Blazy qui utilisait de la purées en flocon ou d'autres aliments, fruits, viande, pour faire des œuvres qui évoluaient dans le temps, avec le développement de pourriture, etc.
ça sentait pas bon dans le musée… mais c'est un style…)
Le vin est une très bonne idée, car c'est surtout une phase aqueuse (qui peut sécher), de l'alcool (idem) et des tanins et molécules fortement colorantes. Tu peux faire de belles aquarelles avec des fonds de bouteille. Idem avec le café, le thé, et autres infusions de plantes.
Voir aussi ce qu'on appelle le "mordançage" en teinture :
http://tricofolk.info/le-mordancage/